lundi 27 août 2007

Fuji-san... Wow!

Ça y est!

En fin de semaine, je crois que j’ai réalisé un exploit. L’aventure la plus difficile que je n’ai jamais eu à faire dans ma vie… Grimper le Mont Fuji!! Je ne conte pas d’histoires en disant que c’était l’une des choses les plus difficiles que j’ai eu à faire dans ma vie. Voilà pourquoi…

En ce beau vendredi matin, je me suis levée et je suis allée à l’école comme d’habitude. Aussi, dans l’après-midi, à la place de retourner chez moi, j’étais invitée à aller passer la nuit chez une dame qui participe aux ateliers de conversations que j’anime le samedi matin, Miyoko-san.

Elle m’a accueillie comme si j’étais membre de la famille. Mes « appartements » se trouvent au 2e étage de la maison : une chambre à coucher, une toilette et une salle de télévision. J’ai même ma brosse à dents et un pyjama à moi! La maison de Miyoko-san est très belle et assez spacieuse. Au premier, elle a une chambre tatami, un salon, la chambre des maîtres, la cuisine, la salle à manger, la toilette, la salle de bain et un petit boudoir rattaché à la salle de bain pour se pouponner et où se trouvent la laveuse et la sécheuse à linge. Il y a aussi un petit jardin dans la cour arrière…

Enfin! Miyoko avait aussi invité sa fille, Michiyo-san, qui a une petite fille de 8 mois, Naho. Le mari de Miyoko était parti à Shizuoka pour affaires, mais je l’ai rencontré un peu plus tard dans la soirée. Tous étaient super gentils et vraiment sympathiques. Michiyo et Miyoko parlent assez bien l’anglais, alors c’était relativement facile de communiquer. Donc on a soupé (un cari japonais – moins épicé que la version indienne) avec une salade de « squid », des radis japonais et une mangue pour dessert. Tout était vraiment très bon, même la salade de « squid ». Ensuite, on a fait des petits feux d’artifices (hanabi, qui est traduit littéralement par « fleurs de feu ») dans la cours arrière. Vraiment, c’était une belle soirée! Je me suis couchée vers 21h30 cette soirée-là.

Le lendemain matin, j’ai rencontré le groupe de conversation auquel je vais enseigner les samedis matin. C’est un groupe super sympathique, intéressant et intéressé! J’étais seulement là pour observer le déroulement d’une leçon, et j’ai bien hâte de commencer à leur enseigner pour vrai!! Ensuite, ils m’ont amenée dîner dans un restaurant typiquement japonais. Donc assis par terre sur des coussins… À genoux. J’ai duré 3 minutes!! Ils m’ont permis de m’asseoir sur le côté, mais même là après 30 minutes, j’ai commencé à avoir des fourmis dans les jambes… Il va falloir que je m’habitue! Le dîner était aussi assez intéressant : j’ai mangé du soba, des espèces de nouilles au blé servies tièdes dans un mélange de sauce soya et autre, avec des crevettes tempura (panées) et des mochi, espèces de galettes de riz compressé. Après, je suis retournée prendre mes choses chez Miyoko et je me suis dépêchée pour retourner chez moi, afin de me préparer pour le Mont Fuji.

Nous avons fait un « night climb ». Autrement dit, le but était de commencer à grimper dans la nuit pour être au sommet au moment du lever du soleil. Alors nous devions nous rencontrer à Shizuoka (2 heures de Hamamatsu en auto) pour 17h30. J’ai pris le shinkansen (train ultra rapide) avec quelques autres ALTs de Hama en direction de Shiz et ça a pris 30 minutes. C’était génial!!

Nous sommes arrivés à Shiz et avons rencontré le reste du groupe. C’était une expédition organisée par AJET de Shiz, l’association des ALTs de ma préfecture, alors un autobus nous attendait pour nous mener à la station 5, qui est la plus haute station à laquelle on peut se rendre pour grimper Fuji-san. Cette station se trouve environ à mi-chemin entre le sommet et la base de la montagne. Nous sommes arrivés là-bas vers 21h30 et nous avons attendu jusqu’à environ 23h pour commencer à grimper. Durant le trajet entre Shizuoka et Fuji-san, je n’ai pas vraiment dormi parce que tout le monde était trop excité par ce qui nous attendait. J’aurais peut-être du…

Donc comme je disais, nous avons commencé à monter vers 23h. On dit qu’environ 3000 personnes grimpent Fuji à tous les jours, ce qui est assez incroyable, mais vrai! La vue était magnifique, car même si on était au milieu de la nuit, tout le monde ou presque avait une lampe frontale ou une lampe de poche pour éclairer le chemin, alors on voyait des lignes de lumières qui montaient en zigzag sur une montagne invisible. Il faisait aussi assez froid : à Shiz et Hama, il fait environ 30C et c’est très humide. À la station 5, même en plein jour, il fait environ 10-15C… Alors c’est une méchante différence!

J’étais assez bien préparée côté température : j’avais empilé des couches de linge, soit une camisole, un Tshirt, un coton ouaté et mon imperméable coupe-vent par-dessus. J’avais mis des pantalons de sport et deux paires de bas : une en coton et l’autre en laine par-dessus. J’avais même une tuque pour tenir mes oreilles au chaud. Et c’était nécessaire : le vent était assez intense. Et plus on monte, plus il fait froid…

L’ascension était le gros défi. Au début, ça allait plutôt bien et on arrêtait à chaque 10-15 minutes pour prendre de l’eau et grignoter un peu. C’est qu’on a pas vraiment eu de souper à proprement dit : seulement des collations attrapées sur le vite avant de partir. Sauf que même si 3000 personnes grimpent à chaque jour, le sentier, c’est pas vraiment un sentier. Ce sont des roches empilées les unes sur les autres qu’il faut essayer de grimper sans se casser les deux jambes. Ou encore de la rocaille qui s’effrite si on a le malheur de ne pas assurer notre « prise ». Il n’y a pas vraiment de sentier tapé comme on pourrait s’y attendre. Premier obstacle.

J’ai mentionné qu’on est parti de la station 5. Il y a plusieurs stations 5 autour de la montagne, comme il y a plusieurs sentiers qui mènent au sommet. Nous avons pris le sentier « Fujinomiya », qui est le plus court, mais apparemment un des plus difficiles aussi… Mais ça, ils nous l’ont dit quand on est revenu!! Il y a 12 stations pour se rendre au sommet et il faut parfois mettre jusqu’à 1h30 de « hiking » entre chaque station. Nous sommes partis à 23h, et nous sommes arrivés au sommet il était 7h. Ça fait 8 heures pour monter seulement. Aie!! Nous avons du arrêter souvent pour se reposer un peu, car non seulement la fatigue et la faim nous rattrapaient, aussi le fait que nous montions en altitude. Nous sommes partis à 2400m et le sommet est à 3476m. Il y a pas mal moins d’air à ce niveau-là. Le groupe AJET nous avait fourni des bouteilles d’oxygène et on les a pas mal toutes utilisées! Le mal de l’air (« altitude sickness ») peut provoquer des maux de tête, de l’étourdissement, des nausées… Bref, tout ce qui fait qu’on se sens vraiment pas bien et qu’il faut arrêter le temps que notre corps s’adapte à l’altitude.

Rendue au sommet, j’étais juste épuisée. Mentalement et physiquement. Physiquement parce que l’effort requis est assez grand et 8 heures à monter sans cesse, parfois à marcher dans de la poussière mais souvent à grimper des roches, c’est pas facile. Mentalement parce que ça m’a demandé de me concentrer seulement sur le « climb » et de ne pas penser à autre chose. À certains moment, si je n’avais pas réussi à me pousser au-delà de ce que je pensais possible, j’aurais probablement arrêté et juste rester sur place en attendant de me faire ramasser par quelqu’un. Il ne faut pas oublier que 7h de ces 8 heures à monter se sont passées dans une noirceur totale, incapable de parler à qui que ce soit à cause de l’effort fourni. C’est durant ces moments que l’esprit commence à divaguer un peu, et qu’il faut se discipliner pour continuer.

Je crois que ce qui m’a motivé ce sont les étampes. Sans rire! Avant de commencer à monter, j’avais acheté un bâton de marche en bois, celui qui était vendu dans la boutique souvenirs. D’ailleurs, la plupart des membres du groupe ont aussi acheté le même bâton de marche. Je crois bien qu’il a été mon meilleur ami et mon meilleur ennemi durant mon aventure, mais bon, ça c’est une autre histoire!! Alors tout ça pour dire qu’à chaque station, on pouvait obtenir une étampe que les responsables mettaient sur notre bâton. Ces étampes étaient pour la plupart du temps des fers chauffés à blanc qui brûlaient le bois du bâton pour y laisser la trace. Je suis fière de dire que j’ai obtenu toutes les étampes. Moi et Jessie, une autre canadienne de Calgary, nous sommes les deux seuls membres du groupe à avoir toutes nos étampes. Les autres ont aussi monté mais la plupart ne s’en sont pas vraiment préoccupés. Mais ils étaient tous jaloux quand nous sommes arrivées avec nos bâtons!!!

Je ne sais même pas si je suis capable de décrire comment je me sentais au sommet. Autant j’étais contente d’être enfin en haut, d’avoir réussi à me surpasser et d’avoir conquis Fuji-san, autant j’étais épuisée et j’appréhendais la descente car je savais à quoi m’attendre et je ne savais pas si j’avais le courage de continuer. Mais je n’avais pas vraiment le choix…!!! Nous sommes restés au sommet environ 1h, le temps de se reposer et de marcher un peu. Comme Fuji-san est un ancien volcan, il y a un immense cratère au centre. Nous n’avons pas vraiment fait le tour : ça aurait pris un autre 2h et nous n’en avions pas la force!! Ni le temps d’ailleurs… Il fallait être de retour à l’autobus pour midi. Alors dès que nous avions suffisamment récupéré, nous avons commencé la descente…

Alors la descente a été un peu plus facile… Mais pas tant que ça! C’était très glissant et encore une fois il fallait faire attention où nous mettions les pieds. Je suis tombée quelques fois, mais c’était vers la fin et rien de dramatique. Je crois seulement que la fatigue commençait à prendre le dessus sur mon corps!! Au moins, il a fait relativement beau tout le long : en montant, le ciel était clair et la lune nous éclairait un peu et en descendant, il a fait gros soleil jusqu’à mi-chemin. Quand nous étions au sommet, nous étions au-dessus des nuages, alors en descendant, nous sommes littéralement entrés dans les nuages. C’était très beau mais très froid… et un peu dangereux car parfois nous avions de la peine à voir nos pieds!! Quand ça arrivait, nous n’avions pas le choix d’arrêter parce que nous ne pouvions pas voir le sentier. Aussi, il y avait une foule de gens sur le sentier, et souvent celui-ci était tout juste assez large pour 2 personnes. Alors nous arrêtions à tout bout de champ parce que quelqu’un en avant laissait passer ceux qui montaient, prenait une photo ou arrêtait juste un peu pour prendre son souffle. À certains moments c’était très pratique car ça faisait du bien d’arrêter un peu, mais nous ne voulions pas rater l’autobus et le temps commençait à presser.

J’ai dit que nous sommes partis vers 23h, nous sommes arrivés au sommet vers 7h, nous avons passé une heure en haut pour se reposer un peu et nous avons recommencé à descendre vers 8h. La descente a pris 4h30… Alors si vous calculez bien, nous sommes arrivées en retard. Je crois que je ne l’ai jamais mentionné, mais le « nous », c’était moi, Jessie, Sarah (de l’Irlande), Jessica et Melissa (de la Nouvelle-Zélande) et Caroline, de Québec (yé!! Une autre québécoise!!). Heureusement, l’autobus nous avait attendu et nous sommes revenus épuisés et endoloris de partout à Shizuoka. Quelle expérience!! Encore maintenant, je ne sais pas quoi penser. Avoir su ce qui m’attendait, est-ce que j’aurais entrepris cette ascension-là?? Je me pose sérieusement la question. Mais je suis aussi vraiment contente et fière de moi-même de l’avoir fait et de m’être rendue au bout… Geneviève est témoin : je l’ai appelée du sommet pour avoir de ses nouvelles, mais aussi, ça m’a redonné l’énergie nécessaire pour continuer. Merci Sœur!!!

Probablement que quand je développerai mes photos je me sentirai mieux… Au moins, je n’aurais plus mal partout!! Parce que présentement, j’ai l’impression que mon corps entier est en train de se rebeller contre moi!!

Alors je vous laisser là-dessus… Il y a un proverbe japonais assez connu qui dit « He who is a wise man climbs Fuji-san once. He who is a fool climbs it twice ». En français, « l’homme sage grimpe Fuji-san une fois, mais un fou le refait une deuxième fois ». Je suis donc fière de vous annoncer que je suis maintenant « a wise man »!!